Reconduit pour un nouveau mandat, le directoire de Bayard a présenté le 23 avril dernier à l’ensemble du personnel un plan stratégique pour les années à venir.

 

C’est une absolue banalité de dire que le monde change. Il se transforme même à grande vitesse et les moyens de communication connaissent une accélération et une puissance immédiate qui fait même un peu peur à certains d’entre nous. Mais pour une entreprise de presse et de communication comme Bayard, il est évidemment vital de tenir compte des nouveaux usages culturels et d’apporter une réponse adaptée à de nouvelles demandes. Songez qu’un tiers des abonnements aux titres de Bayard Jeunesse sont dès à présent réalisés sur le web. Cela donne une idée du basculement des pratiques des jeunes générations.

Pour autant, Bayard ne renonce en rien à sa singularité et encore moins à ses convictions ou à sa tradition d’entretenir une relation étroite et active avec ses lecteurs. Ses trois publics privilégiés, les Chrétiens, la Jeunesse et les Seniors, le restent et cela aussi bien en France que dans le monde, les titres édités à l’étranger contribuant pour plus de 20% à l’activité de la maison.

Mais répondre aux nouveaux usages culturels exige d’adapter l’offre éditoriale et de faire en sorte que les moyens de l’entreprise soient organisés de manière à réussir cette évolution. Cela veut dire, par exemple, faire tomber les cloisons entre les grandes unités éditoriales et commerciales de Bayard, faire coopérer encore plus des secteurs qui pouvaient avoir tendance à travailler chacun de leur côté. Des initiatives ont déjà été prises qui sont encourageantes, ne serait-ce que le récent rapprochement de La Croix et de La Documentation catholique pour lancer en commun une agence d’information religieuse sur Internet, adroitement dénommée “Urbi et Orbi”. Mais il y a encore beaucoup à faire.

Sans, bien sûr, rien abandonner des efforts pour maintenir et développer la presse et l’édition, royaume traditionnel du papier – Bayard développe même sa présence éditoriale dans des pays comme les Philippines et le Vietnam – il est clair qu’un gros travail est en cours pour développer une offre numérique encore insuffisante, ainsi que la fourniture de services. Entendez sous ce nom, tout ce qui est proposé au public des titres de Bayard en marge de leur abonnement, voyages et produits culturels par exemple, pour aller au plus évident.

Notez ainsi dès à présent que pour mieux comprendre cet univers numérique, nous recevrons à l’occasion de notre traditionnelle assemblée générale, prévue le jeudi 21 novembre, des journalistes de La Croix qui viendront nous expliquer comment leur travail a complètement changé aujourd’hui puisqu’ils écrivent à la fois pour le journal papier et pour le web qui, lui, ne s’arrête jamais.

Le dernier point du plan stratégique de Bayard n’est pas le moindre : comment mobiliser les énergies dans l’entreprise pour réussir cette métamorphose annoncée. Il faudra à l’évidence continuer de travailler sur les conséquences sociales de tout cela, des conditions de travail aux parcours professionnels. Mais ce n’est pas tout. Bayard ressent le besoin de libérer les capacités d’innovation de son personnel, et de veiller toujours à transmettre les valeurs et l’expérience qui la fondent historiquement.

Bref, un programme ambitieux, mais un projet qui veut confirmer que Bayard, sans rien céder de son histoire et des valeurs qui ont présidé à son développement, est confiant dans son avenir en cette année où l’entreprise célèbre son 140e anniversaire.

Yves Pitette