Le fascinant collège des Bernardins

fbsample

En cliquant sur l'icône ci-contre, vous accéderez à l'article contenant toutes les photos


 

 

Il aura fallu scinder en deux groupes les nombreuses réponses à l’invitation faite aux membres de l’Amicale de venir visiter le Collège des Bernardins, en plein quartier historique et latin de Paris. Deux groupes, donc, aussifascinés l’un que l’autre par la beauté des lieux et l’histoire si riche de ce monument.

 

Collège, et non abbaye. Il s’agit, au XIIIe siècle, d’enseigner à de jeunes moines vivant la règle de saint Benoît - sous l’appellation de Cisterciens (de Citeaux). Le nom du Collège tient au patronage du grand saint Bernard, venu lui-même de Citeaux et fondateur de la célèbre abbaye de Clairvaux dans l’Aube (à ne pas confondre avec le Clervaux du Luxembourg, également bénédictin).

 

La ténacité d’un cardinal

Ce superbe bâtiment, habité d’une très longue histoire, après avoir subi bien des affectations plutôt indignes de ses origines (en dernier lieu caserne de pompiers), a été racheté par le diocèse de Paris, sous l’impulsion et la ténacité du cardinal Lustiger qui voulait rendre à ces murs leur destination première : l’étude en toutes ses formes. La Parole de Dieu et la mathématique, qui faisaient la base de toute étude au Moyen âge, sont ainsi présentes aux Bernardins mais sous une forme élargie aux temps actuels. Théologie voisine avec écologie, économie et politique, sciences et arts, santé et éthique… Aucun domaine de la société contemporaine n’est écarté. Des personnalités de toutes tendances, mais de compétence reconnue, sont invitées à des conférences, des débats, des manifestations culturelles où le cinéma et la musique sont également inscrits aux programmes. Le pape Benoit XVI a tenu une conférence célèbre aux Bernardins. Il n’est pas impossible que de jeunes moines du XXIe siècle, à l’instar de leurs aînés médiévaux, viennent ici enrichir leurs connaissances et leur foi (La guide ne nous l’a pas dit, mais on peut le considérer comme plausible ! NDLR). Le pape Benoît XII, cistérien lui-même, avait été ici élève et professeur. Il y fit ajouter une grande église, détruite par les travaux haussmanniens, dont il ne subsiste qu’une très belle sacristie, en contrebas de la nef.

 

Elégance et sobriété

Cela dit, il faut s’attacher à ce qui frappe d’emblée les visiteurs : l’architecture.

Dès l’entrée, la grande nef vous plonge d’un coup dans un univers de beauté, de silence, de sobriété, de contemplation active. La longue salle gothique de 70 mètres, soutenue par 32 élégantes colonnettes, était le lieu de vie des moines. Elle servait de salle de cours, de réfectoire, de salle capitulaire et… de cuisine. Une statue du Christ du XIVe siècle, retrouvée dans les fondations, surplombe l’ensemble. La statuaire est assez réduite, mais outre ce très beau Christ bénissant, on trouve au détour d’une volée d’escalier qui, lui, porte la marque du XVIIIe siècle, une statue acéphale datée du XVe siècle mais qui garde son mystère.

Le bâtiment, en effet, de style cistercien, a subi quelques modifications au XVIIIe siècle qui, loin de nuire à la sobriété, lui donne une élégance de surcroît.

Le cellier, en sous-sol, conserve ses très grosses structures, ses voûtes massives mais harmonieuses et les marques des travaux nécessités par le sol marécageux sur lequel repose le Collège. Une surveillance permanente s’impose car, malgré les pilotis réimplantés, le risque existe d’un léger mouvement. Des salles d’études se partagent avec respect ces lieux trapus.

Paris, en ce XIIIe siècle, était loin de ressembler à ce que nous voyons aujourd’hui aux abords du boulevard St-Germain. Les moines avaient acquis un immense terrain, marécageux, un peu à l’écart de la ville ; et, du grand auditorium, magnifiquement installé dans l’ancien comble, éclairé par une magnifique rosace faite de symboles, on plonge sur la piscine de la rue de Pontoise, construite sur le domaine cistercien !

Il faudrait être sorti de l’école des Chartes pour imaginer ce Paris médiéval dont ce Collège est le quasi dernier témoin !

Andrée Penot