daniele chimenes

Nous avons appris le décès de Soeur Danièle CHIMENES, le 31 janvier 2015, dans sa 91e année.

Les obsèques ont eu lieu le 3 février, en la chapelle du Fort-Manoir au Mesnil-Saint-Denis.

Soeur Danièle  a assuré durant de longues années la direction de l'expédition de La Croix et des revues de Bayard-Presse.


Cliquez sur cette ligne pour accéder au faire-part de Soeur Danièle avec sa photo


Vous trouverez ci-dessous un texte qui a été prononcé par Sœur Aline le jour des obsèques de Sœur Danièle.

 

"Que ton Règne vienne"

Missionnaire avant tout

Sœur Danièle est née le 25 avril 1924 à Paris, dans le 17ème arrondissement.

C’est là qu’elle grandit entourée de l’affection d’une maman attentive à l’éducation, à la formation humaine et intellectuelle de sa fille. Dans cette décennie 30 du XXème siècle, il était permis de penser qu’une paix durable s’installait.

Une réalité tout autre tandis que s’approchent les années 1939/40. Années terribles quand l’orage et le feu vont tomber sur l’Europe. Alors la vie paisible de Danièle, jeune adolescente juive, va basculer.

1943. Année de la grande épreuve dont Danièle emportera le secret dans la tombe. Quelques lignes, tracées au crayon… lui apportent la nouvelle que sa maman, trahie…. est emmenée au camp de Drancy, une étape avant Buchenwald de sinistre mémoire … lieu d’extermination où elle disparaîtra avec tant d’autres juifs quelques semaines plus tard.

Sœur Danièle trouve alors refuge chez les Sœurs de St Vincent de Paul d’abord en Bretagne, ensuite en Seine-et-Marne, soutenue par l’affection de celle qui restera sa vie durant « tante Chimènes ». Années de formation aux réalités de la vie, d’ouverture à la solidarité, à la créativité, etc., dans l’esprit de l’Evangile. Mais, années qui laisseront peut-être aussi en elle la marque d’un certain esprit d’indépendance… Et c’est presque naturellement que la jeune fille, sur les conseils d’un Religieux assomptionniste, sollicite son entrée chez les Oblates de l’Assomption…

A la suite des deux ans de formation, elle s’y engage par les premiers vœux le 25 mars 1951. Elle est nommée à la Bonne Presse, au service expédition d’où partent chaque jour d’abord le journal, suivi de toutes les autres publications. Un travail manuel répétitif, nécessitant attention, rapidité… entraide pas toujours facile… et de la part de la chef d’atelier attention à la personne dans le respect de l’organisation (ajoutons : impératif des horaires des trains en particulier…).

La Sœur assume cette mission avec toute son ardeur missionnaire, ses qualités humaines… Evoquons simplement au cours de cette période « mai 68 », ses grèves… Pas de transport pour le journal ? Alors, Sœur Danièle, à laquelle se joignent quelques Sœurs et plusieurs jeunes religieux, partent chaque jour vers le boulevard Saint-Michel vendre à la criée les dernières nouvelles imprimées…

Mai 68. Rappelons surtout, dans la décennie 60, le Concile Vatican II… avec les milliers d’abonnés à « La Croix » qu’il faut servir avec un équipement technique inadapté aux nombreuses demandes d’abonnement… Combien de nuits écourtées après des journées surchargées ! La présence de Sœur Danièle soutient l’effort… et tous les abonnés seront servis.

Ce grand événement de l’Eglise au XXème siècle ne va pas seulement faire appel à ses qualités professionnelles. Plus encore, elle va donner une réponse à celui du renouveau de l’évangélisation dans une société en pleine transformation. Quelle recherche est nécessaire pour adapter une vie évangélique au XXème siècle en communauté, dans la mission : le monde du travail, etc. De nombreuses réunions inter-congrégations sont organisées en plus du travail de réflexion personnelle. Même si certaines paraissaient un peu osées, combien les propositions de notre Sœur ont été appréciées, fruits de sa prière, de ses qualités personnelles et de son esprit missionnaire. Pour réponse à la demande des évêques des nouveaux diocèses de la région parisienne, elle a été un des « moteurs » dans notre communauté de la catéchèse du dimanche matin à Villejuif, banlieue déshéritée en pleine transformation, entraînant pour cette mission bien des bénévoles de son atelier.

Et quand l’heure de la retraite professionnelle a sonné, Sœur Danièle ouvrait avec d’autres Sœurs, une cité dans la Cité des Bosquets à Montfermeil pour une huitaine d’années : attention, aide aux personnes en difficulté, quelles qu’elles soient… catéchèse, etc.

Toujours disponible, elle rejoint ensuite une cité située dans la région bordelaise : Blanquefort, en 1992. En 1993, nous la retrouvons à Rengo, au Chili, parmi les Oblates de l’Assomption chiliennes. Là, un problème de santé important imposera un retour en France après deux années. Désormais sa tente sera fixée dans la région parisienne : Cachan, L’Haÿ-les-Roses qu’elle doit quitter en décembre 2009, à la suite de graves problèmes de santé, pour la maison de retraite du Fort-Manoir.

Les épreuves corporelles se succèdent pour Sœur Danièle… jour après jour, le don d’une longue vie missionnaire a épuisé ses énergies. Quels souvenirs hantent alors les heures d’inactivité, ces traversées du désert durant lesquelles l’esprit humain crie vers un ciel qui semble rester fermé ? Mystère de chaque être, quel que soit son âge, sa condition… Ultime préparation à la Rencontre.

Notre Sœur choisissait pour nom, le jour de son engagement, celui de Danièle du Christ.

Le Christ, la PAROLE… celle que tu as écoutée, transmise avec ce que tu étais. Désormais le livre est ouvert, tu vas le lire avec ceux et celles que tu as aimés, accompagnés, soutenus… avec celle que si souvent tu appelais.

Merci, Danièle. Ne nous oublie pas.